Une bouffée d'oxygène

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La jeune génération : moteur du changement agricole

Dernièrement, nous évoquions ici les nuisances et les dégâts sanitaires liés à l’usage massif en France de pesticides agricoles. En 2008, le gouvernement alors en place lançait le plan Ecophyto, dont l’objectif, longtemps timide, vise à réduire l’emploi de produits phytosanitaires. A l’époque, il était question de faire de la France « le leader de l’agroécologie en Europe ». Les mois ont passé, les belles paroles sont restées, et les actes ont manqué. Tout du moins, ils n’ont pas fait le poids face à une obsession de rendement immédiat. Mais la montée en puissance de certaines initiatives, et le regard neuf de jeunes mieux préparés à faire face aux défis qui se posent, offrent un bon espoir de sortir de cet enlisement.

 


 

Lancé en 2009 dans le cadre du plan Ecophyto, le réseau DEPHY (Démonstration Expérimentation Production de références sur les systèmes économes en pHYtosanitaires) n’est réellement entré en action qu’en 2010. Concrètement, il est question de réaliser des tests grandeur nature de réduction de produits phytosanitaires sur des exploitations s’étant portées volontaires. A son lancement, le dispositif FERME, de son petit nom, comprenait un réseau de 180 exploitations agricoles. En 2011, fort de son essor, le réseau englobait 1200 fermes. Aujourd’hui, on recense 1900 exploitations, investies dans cinq types de productions : la polyculture-élevage, les grandes cultures, l’arboriculture fruitière, les productions légumières ainsi que la viticulture.

 

Plus important encore, de plus en plus de lycées agricoles, clé de voûte de l’agriculture de demain, se lancent dans l’aventure DEPHY. Ainsi, la chef d’exploitation du lycée agricole de Rouffach, en Alsace, Christine Klein, a engagé cette année l’exploitation vinicole du lycée dans l’aventure DEPHY. Les élèves de ce lycée peuvent désormais se former à des techniques de protection de la vigne qui n’incluent pas de pesticides. Dans cette exploitation, on a délaissé les produits phytosanitaires au profit de la méthode dite de « confusion sexuelle », visant à perturber la reproduction des papillons ravageurs. Elle recourt également à « une taille bien maîtrisée » qui, en donnant une « forme de souche aérée », permet de lutter de manière préventive contre les maladies. Le désherbage chimique est limité « si possible » à un seul passage annuel, complété par du « désherbage mécanique ».

 

Pour écouter le témoignage de Christine Klein, cliquez ici. 

 

En découvrant le parcours de cette viticultrice, fille d’agriculteurs employant des méthodes agricoles malheureusement décrites comme « classiques », je me dis qu’il est possible de bousculer certains usages, même dans un milieu aussi figé que celui de la culture agricole. Les vieilles habitudes ont la dent dure. Remettre en question des pratiques héritées de ses prédécesseurs n’est guère chose aisée.  Revendiquant son appartenance à « cette génération qui a commencé à travailler à la fin des années 1990, quand les questions d’environnement sont devenues une réelle préoccupation », elle parle d’une « génération éduquée ». Consciente de son rôle de formatrice, Christine Klein décrit avec justesse un lycée agricole comme « un moteur de changement ». Et que c’est agréable de pouvoir se dire, même l’espace d’un instant, que l’on peut avoir confiance en les générations à venir pour redresser la barre.

S’il convient de marcher sur des œufs lorsqu’il est question de communication, plus encore lorsque le communicant est un dirigeant en perte de popularité, la volonté du gouvernement de communiquer sur les fermes DEPHY est plutôt bon signe, à mon sens. De mi-mai à mi-juin, le ministère de l’agriculture lance à destination des médias l’opération « Les fermes DEPHY vous ouvrent leurs portes ! ». Or, faire acte de transparence est preuve soit que l’on a rien à cacher, soit que l’on a à quelque chose de flatteur à montrer.

 

Cécile Cassier



30/05/2013
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