Une bouffée d'oxygène

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Questions de santé


Un cas de rage dans le Val d'Oise

Le 31 octobre dernier, l’Institut Pasteur a confirmé un cas de rage chez un chaton d’environ deux mois, blanc, noir et fauve. Mort des suites de la maladie, l’animal a été trouvé le 25 octobre 2013, rue Marguerite dans la commune d’Argenteuil, située dans le Val d’Oise. La rage n’ayant pas sévi en France depuis 2001, une enquête a immédiatement été ouverte afin d’identifier et de prendre en charge les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec ce chat entre le 8 octobre et le 28 octobre. Durant cette période au cours de laquelle la maladie aurait pu être transmise, cinq personnes ayant été en contact avec l’animal ont été identifiées. Référées en centre antirabique, elles ont reçu un traitement préventif.

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Mais l’affaire a suscité l’inquiétude du ministère de l’agriculture, qui a lancé un appel au public. Ainsi, toute personne qui estime avoir pu être en contact avec le dit chaton entre le 8 octobre et le 28 octobre doit se faire connaître et appeler d’urgence le 08 11 00 06 95 (1). Cela concerne non seulement les personnes qui ont été mordues, griffées ou léchées sur une muqueuse (bouche, yeux…) par l’animal, que celles dont l’animal aurait pu côtoyer le chaton. Toute personne ayant des informations sur ce chat ou sur son propriétaire est également invitée à contacter ce numéro. Il est en effet essentiel de retrouver toutes les personnes et les animaux ayant été en contact avec ce chaton, la mère de celui-ci et les autres petits de la portée. Selon le ministère de l’agriculture, il est probable que ce chaton ou sa mère ait été importé depuis un autre pays où la rage n’a pas été éradiquée.

 

cat_opt.jpgLe chaton identifié par l'Institut Pasteur comme affecté par la rage.

 

Encéphalomyélite affectant humains comme mammifères, la rage est une maladie mortelle si elle n’est pas traitée à temps. Considérée comme l’une des zoonoses (2) les plus graves dans le monde, cette maladie infectieuse se transmet le plus fréquemment par morsure. Elle est transmissible durant les 15 jours précédant l’apparition des premiers symptômes de la maladie chez l’animal. "Elle est due à la multiplication dans l’organisme (et plus particulièrement dans le système nerveux) d’un virus appartenant à la famille des rhabdovirus". La réactivité est la clé de la lutte contre cette maladie. De fait, le traitement préventif de la rage humaine, administré après l’entrée en contact avec le sujet affecté mais avant l’apparition des symptômes, est très efficace.  

 

1. Il s’agit d’un numéro local accessible entre 10H00 et 18H00 heures à partir du 1er novembre 2013.

2. Les zoonoses sont des maladies qui se transmettent des animaux vertébrés à l’homme, et réciproquement.

Cécile Cassier


02/11/2013
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L'eau douce : or bleu pour les uns, besoin vital pour tous

Si elle vient à nous par le seul intermédiaire d’un robinet, nous aurions tort de considérer l’eau que nous buvons comme acquise. Et si elle fait partie de notre quotidien, c’est tout simplement parce qu’elle est essentielle à notre survie. Pourtant, pour vitale qu’elle soit, elle ne parvient pas à tous. Certes, au sens large, l’eau n’est pas une denrée rare sur Terre. Les océans couvrent 71 % de la surface de la Terre. Ils représentent 97, 2 % du volume d’eau de notre planète. Mais les chiffres peuvent mentir, ou du moins induire en erreur. De fait, l’eau douce ne pèse que pour près de 2,5 % du volume total d’eau, une grande partie étant des glaciers. 
 

 
Si de nombreuses inégalités divisent le monde actuellement, l’approvisionnement en eau douce en est une majeure. Il n’est pas dans l’habitude de l’homme de réparer certaines inégalités naturelles. Il est plutôt apte à en créer de nouvelles, en s’appropriant des ressources naturelles qui représentent souvent les seules richesses pour certains. Si la course à l’or noir fait rage pour satisfaire notre gourmandise énergétique, nul doute que la quête de l’or bleu, répondant à l’un de nos besoins vitaux, ne devrait pas faire de quartier. 
 
Selon les Nations Unies, le manque d’eau affecte plus de 40 % de la population mondiale. Les effets sont plus ou moins marqués selon les régions du monde concernées. Mais, même chez nous, la concurrence pour l’eau entre l’agriculture, l’industrie et l’alimentation des particuliers est devenue monnaie courante lors des périodes sèches (ce qui n’est pas le cas actuellement, nous en conviendrons). A l’heure actuelle, 70 % de la consommation d’eau dans le monde sont à mettre sur le compte de l’agriculture. L’eau consommée dans les villes représente moins d’un quart, voire moins en Afrique. En Asie et dans le Pacifique, la part imputable à l’agriculture culmine à environ 85 % de la consommation d’eau. D’après la FAO (1), si la tendance actuelle se maintient, le manque d’eau devrait toucher 1,8 milliard de personnes d’ici 2025. 
 
La politique de l’autruche a fait son temps
 
Mais tout n’est pas perdu. Je fais peut-être partie de certains utopistes rêveurs, et croyez-moi ce serait une surprise, mais je crois que nous entrons dans une ère de mise à mal de nombreux tabous : scandales sanitaires tels que le Mediator, les pilules contraceptives ; révélations sur les agrocarburants et leur appropriation de terres alimentaires ; acceptation de la réalité de pollutions chroniques incluant les pesticides, les PCB et autres joyeusetés. Certes, l’univers médiatique est bercé de mises en garde sur les multiples crises (financière, sociale…) qui nous attendent. Pourtant, j’ai récemment entendu une personne affirmer que, s’ils inquiètent, les changements ne sont pas forcément négatifs. Il faut d’abord prendre conscience des problèmes avant de s’y attaquer. Et c’est un discours qui revient souvent dans les conversations.  
 
L’opinion publique n’est plus versée dans l’univers des Bisounours. Est-ce une bonne ou une mauvaise chose, je ne saurais le dire. Toujours est-il que les gens ne se bercent plus d’illusion. Ils connaissent les enjeux des stratégies politiques à l’internationale, et la fâcheuse tendance qu’ont nos dirigeants à aider ceux qu’il est dans leur intérêt d’aider. Ils savent que les gaz à effet de serre sont bien présents et que notre santé et celle de notre environnement se porteraient mieux sans. Ils savent aussi que le greenwashing, terme aussi à la mode que les pratiques qu’il désigne, est devenu incontournable pour le monde entrepreneurial, et qu’il est plus ou moins légitime selon les cas. 
 
Agir à la source
 
La problématique de l’approvisionnement mondial en eau n’est plus le cadavre dans le placard dont on détourne les yeux. Affectant désormais la quasi totalité du monde, cette pénurie inquiète même dans les hautes sphères. Ainsi, le thème de la Journée internationale de la biodiversité, tenue le 22 mai dernier, était « l’eau et la biodiversité ». De même, 2013 a été baptisée « Année internationale de la Coopération dans le domaine de l’Eau ». Certes, rien de nouveau sous le soleil. Toutefois, le thème a le mérite de s’intéresser aux enjeux qu’implique en amont la préservation des ressources en eau. L’an dernier, la Conférence de l’ONU sur le développement durable, Rio +20, a reconnu le rôle essentiel joué par les écosystèmes en terme de préservation de la quantité et de la qualité des ressources en eau. « Les forêts contribuent à réguler l’érosions des sols et à préserver les ressources en eau et leur qualité. La présence de zones humides peut réduire les risques d’inondation ». 
 
On l’aura compris, le domaine de réflexion est vaste et complexe. Mais des questions se posent et des efforts sont faits pour y répondre. Consciente de la précarité actuelle de l’approvisionnement en eau, conséquence d’une demande qui dépasse souvent l’offre, l’Assemblée générale des Nations Unies a intégré le Plan stratégique pour la diversité biologique 2011 – 2020 de la « Convention sur la diversité biologique » au programme de développement de l’après-2015. Derrière ces belles formulations et ces beaux discours, il s’agit de prendre conscience des nombreux enjeux liés à la préservation et la distribution équitable des ressources en eau. La diversité biologique des sols est ainsi essentielle pour réguler l’apport en eau des cultures. De même, l’aménagement urbain (artificialisation des sols, urbanisation galopante) est la clé pour combattre le « stress hydrique » (2) qui touche de plus en plus de villes. Par ailleurs, dans beaucoup de pays en voie de développement, l’approvisionnement en breuvage sain est intrinsèquement lié aux difficultés rencontrées en terme d’assainissement. Toutes ces questions ne peuvent être laissées de côté si on veut garantir à tous le droit primaire d’accès à une eau potable.
 
1- Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
2- « Le stress hydrique se définit comme une insuffisance d’eau de qualité satisfaisante, pour pouvoir répondre aux besoins humains et environnementaux ». (Source : The United Nations Human Settlements Programme (UN–HABITAT)). 
 
Cécile

25/05/2013
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Contraception : la pilule a du mal à passer

Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre à la radio un bon matin que la pilule contraceptive (1) répondant au doux nom de Diane 35 allait être arrêtée car soupçonnée d’être à l’origine de plusieurs décès. L'incriminée m'est bien connue puisqu’elle a côtoyé mes placards de salle de bain pendant près de 10 ans. J'ai ainsi suivi l’exemple de ma maman, qui l’a prise pendant 30 ans. Petites veinardes que nous sommes, et ce n’est pas que de l'ironie !

 

 

 

  • Autorisée dans 135 pays et commercialisée dans 116 pays, la Diane® 35 a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en France en juillet 1987. Outre son action contraceptive, elle est également prescrite en traitement de l’acné chez la femme. En 2012, on recensait environ 315 000 femmes en France sous traitement par Diane® 35 ou ses génériques.

 

 

  • Le 27 janvier dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un communiqué suite à la révélation médiatique de cas de pharmacovigilance signalés depuis 1987. Parmi ces cas déclarés au cours des 25 dernières années, «  quatre décès sont imputables à une thrombose veineuse (ou phlébite) (2) liée à Diane® 35 ». Pour « trois autres cas mentionnés », « la cause du décès est liée à des pathologies sous-jacentes des patientes concernées ». En revanche, l’ANSM ne précise pas la cause, suspectée ou identifiée, des 125 autres cas de thrombose (113 thromboses veineuses et 12 thromboses artérielles) recensés sur cette période. Sans surprise, ce même 27 janvier, l’ANSM annonçait la conduite d’une analyse bénéfices / risques de Diane® 35, s’engageant à prendre « les mesures appropriées » en fonction des conclusions rendues.

 

 

  • Une pilule jugée trop risquée et…non contraceptive !

 

 

  • Trois jours plus tard, soit le 30 janvier, les conclusions en question étaient publiées sur le site de l’ANSM. Nouvelle surprise, on y apprend tout d’abord que Diane® 35 est « un médicament utilisé dans le traitement de l’acné et non un contraceptif ». Il semble, dès lors, qu'un malentendu se soit produit avec les divers gynécologues qui m'ont suivi, puisque je recherchais bien un moyen de contraception et non un traitement acnéique. A moins que je n'ai confondu la porte du dermatologue et celle du gynécologue. Et dans la mesure où je n’ai aucune raison de mettre en doute leurs compétences, il est probable que cette déclaration des autorités sanitaires soit une tentative peu subtile pour détourner l’affaire Diane® 35 du dossier épineux des 3ème et 4ème générations de pilule (3). S'entêtant dans son idée, l’ANSM estime que l’usage massif de ce médicament en tant que pilule est non conforme, l’AMM de Diane® 35 ayant été autorisée pour la seule indication « Traitement de l’acné chez la femme ». Le contraceptif n’était qu’un petit plus, un petit plus bien relatif puisque de nombreuses femmes seront heureuses d'apprendre que « son efficacité comme contraceptif n’a pas été démontrée par des études cliniques appropriées » !

 

 

  • Concernant le rapport bénéfices / risques de « cette pilule » (pardonnez-moi mais je m’obstine, la force de l’habitude après avoir pris un traitement acnéique comme moyen de contraception pendant 10 ans, folle que je suis !), celui-ci s’avère « défavorable ». Voilà un doux euphémisme pour admettre que le jeu n’en vaut pas la chandelle, face « au risque thromboembolique veineux et artériel auxquels s’exposent les femmes traitées ». De fait, « de nouvelles données » montrent que ces dernières présentent un risque thromboembolique veineux quatre fois plus élevé que les femmes ne prenant pas ce traitement.

 

 

  • 3 mois de sursis pour la Diane® 35

 

 

  • Sur la base de ces informations, l’ANSM a entamé une procédure de suspension des AMM de ce « médicament », suspension qui entrera en vigueur d’ici trois mois. Sage décision bien que tardive, certes, mais que doivent faire les femmes toujours sous Diane® 35 ? Selon l’agence, qui craint une recrudescence des grossesses non désirées, les patientes ne doivent pas interrompre « brutalement » leur traitement et attendre leur prochaine consultation chez leur médecin. J’imagine que, la survenue d’une thrombose étant plus élevée durant la première année de traitement, le fait d’être passé entre les mailles du filet jusque là est… encourageant. N'ayant plus le droit de prescrire cette PILULE, les médecins sont tenus d’envisager avec leurs patientes d'autres « options thérapeutiques ». Pour ma part, je recommanderais de vérifier que l’AMM du moyen contraceptif proposé soit bien délivrée... à des fins contraceptives. Durant ce délai de trois mois, les pharmaciens délivreront les « traitements minimaux ». Passée cette période, toute prescription et délivrance seront interdites, et l’ensemble des lots présents sur le marché retirés.

 

 

  • Pilules de 3ème et 4ème générations : nouveau scandale sanitaire en vue ?

 

 

  • Soucieuse d’apaiser les esprits, l’ANSM a mis en place depuis le 23 janvier, à la demande du ministère de la santé, un numéro vert gratuit (4) pour informer les femmes sur les pilules contraceptives. Cette plateforme téléphonique fait écho à la polémique actuelle, générée autour des pilules contraceptives de 3ème et 4ème générations. Une polémique qui n'est pas sans fondement, le ministère de la santé ayant « mené une campagne d’information auprès des professionnels de santé afin que la pilule de 1ère et 2ème générations soit systématiquement privilégiée ».

 

 

  • Que reproche-t-on aux 3ème et 4ème générations ? Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les thromboses veineuses (phlébite, embolie pulmonaire) sont plus fréquentes avec les pilules de 3ème et 4ème générations qu’avec celles de 1ère et 2ème générations. Toutefois, les 1ère et 2ème ne sont pas la panacée que l’on imagine, puisque «  un risque de thrombose artérielle (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde) » existe quelle que soit la génération de la pilule utilisée.

 

 

  • Pour la femme, la prise d’un contraceptif oral s'apparente de plus en plus à un parcours du combattant, où prime la solution du moindre mal. La HAS recommande la réalisation d’un bilan biologique avant toute mise en route d’un contraceptif afin d’évaluer le cholestérol total, les triglycérides et la glycémie à jeun. Ce bilan doit être renouvelé tous les 5 ans.

 

1- «  La pilule est un médicament qui agit principalement en mettant les ovaires au repos, par une combinaison d’hormones de synthèse. Il s’agit généralement d’un estrogène et d’un progestatif. On parle alors de contraceptif oral combiné (COC) ou de contraceptif oral œstroprogestatif ». (source : ministère de la santé).

2- La thrombose veineuse, ou phlébite, « désigne la formation d'un caillot dans une veine. Dans la mesure où le caillot peut se détacher et provoquer une embolie pulmonaire (obstruction de l'artère pulmonaire), la thrombose profonde impose une consultation d'urgence ». (source : Inserm).

3- La génération d’une pilule renvoie non à son degré d’innovation mais au type de progestatif qu’elle renferme.

4- Du lundi au samedi, de 9h à 20h, une équipe de téléopérateurs, encadrée par un médecin et des sages-femmes, répondent aux questions au numéro suivant : 08 00 63 66 36.

 

Cécile Cassier


01/02/2013
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La pollution au mercure affecte la santé de 10 à 15 millions de personnes dans le monde

Rejeté par l'industrie ou d'autres activités humaines, le mercure est capable de persister dans l'environnement pendant plusieurs siècles. Or, il ne fait pas bon de côtoyer ce métal qui peut être à l’origine de troubles neurologiques, respiratoires, comportementaux, émotionnels etc. Des données peu rassurantes à la lumière de la dernière étude (1) du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), publiée début janvier. Selon cette évaluation, « la plus exhaustive jamais réalisée » sur la question, les populations des pays en voie de développement font face à des risques sanitaires et environnementaux liés à l'exposition au mercure de plus en plus importants.  

  • Paradoxalement, bien que la demande de mercure mondiale ait chuté au cours des dernières années, on craint aujourd'hui une augmentation des émissions de mercure dans certaines régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. Ces sombres prévisions s'appuient sur le recours massif à ce métal dans le cadre d'activités d'orpaillage (2) et de combustion de charbon à des fins de production d'électricité. Les émissions de mercure dues à l'extraction minière artisanale ont ainsi doublé depuis 2005. Chaque année, on évalue à 727 tonnes les émissions générées par l'orpaillage, représentant 35 % des émissions mondiales. Et la hausse du cours de l'or n’augure rien de bon. La combustion du charbon génère, quant à elle, près de 475 tonnes d'émissions de mercure par an, soit environ 24 % des émissions mondiales. Soumise à une industrialisation rapide, l'Asie est ainsi devenue le principal émetteur de mercure, responsable de près de la moitié des rejets mondiaux. 
  • A l'heure actuelle, on estime que l'exposition au mercure met en danger la santé de 10 à 15 millions de personnes pratiquant l'orpaillage à travers le monde, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Trois millions d'entre elles sont des femmes et des enfants. L’un des points forts de l'étude du PNUE a été de s’intéresser à la pollution de l'environnement, levant la question d'une exposition chronique et prolongée. Elle a ainsi mis en lumière, pour la première fois, la pollution au mercure des rivières et des lacs. Elle évalue à 260 tonnes la quantité de mercure déversé dans ces points d'eau, auparavant conservé dans les sols. Les océans ne font pas exception. Au cours des 100 dernières années, la concentration de mercure observée dans les 100 premiers mètres des océans du monde a doublé, à cause des émissions dues aux activités humaines. Lorsque l'on plonge plus en profondeur, on constate une augmentation de 25 % de la quantité de mercure présent.   
  • Preuve qu'aucun milieu, qu'aucune région du monde n'est épargné, environ 200 tonnes de mercure se déposent chaque année dans l'Arctique, se dispersant loin de leur lieu de rejet. Des études ont révélé chez certaines espèces de la faune arctique des niveaux de mercure multipliés par 10 au cours des 150 dernières années. L'activité humaine en est la principale cause. 
  • Certes principales, l'orpaillage et la combustion de charbon ne sont pas les seules sources de rejet de mercure. Sont également à prendre en compte : la production de métal et de ciment (extraction et consommation de combustibles fossiles), les soins dentaires déjà évoqués sur ce blog, certains produits de grande consommation (appareils électroniques, interrupteurs, piles, ampoules basse consommation), certains cosmétiques (mascara, crèmes éclaircissantes pour la peau etc.), la production de matières plastiques (fabrication du polychlorure de vinyle ou PVC), les industries utilisant le procédé chlore- alcali (production de chlore et de soude à partir de sel), etc.
  • Des alternatives à l'utilisation du mercure sont disponibles dès à présent. Mais elle pâtissent d’arguments économiques peu avantageux. En outre, la prise de conscience des dangers relatifs à l'utilisation du mercure peine encore à convaincre dans certains pays en développement. La publication de l’étude dont il est question ici a précédé de quelques jours la réunion du Comité de négociation intergouvernemental sur le mercure (INC5). Tenue à Genève du 13 au 18 janvier derniers, celle-ci avait pour ordre du jour la mise en point d'un traité mondial juridiquement contraignant sur le mercure. Cette collaboration internationale entend œuvrer à l’amélioration de ce secteur peu réglementé et, par là-même, au renforcement des droits des travailleurs. L’effort est louable et nécessaire mais, si l’on tient compte de la capacité de persistance du mercure dans l'environnement, il faudra probablement des années, pour ne pas dire des décennies, pour que la réduction des émissions de mercure ait un effet notable sur les niveaux de mercure présents dans l'environnement, et donc dans la chaîne alimentaire. 
1- Cette étude s’intitule « Mercury : Time to Act » (Mercure : Il est temps d'agir). 
2- Pour extraire le métal précieux, les orpailleurs, notamment clandestins, recourent au mercure. Il faut pas moins de 1,3 kg de mercure pour extraire un kilo d’or.
 
 
Cécile Cassier 

20/01/2013
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Pas de repos pour la maladie du sommeil

Bien que dignes des meilleurs récits fantasmagoriques, la maladie du sommeil et son vecteur, la mouche tsé-tsé, sont loin d’être des chimères. Ce fléau sévit encore en Afrique, favorisé par la multiplication des contacts entre l’insecte vecteur et l’homme. On compte ainsi de nombreux foyers en Afrique de l’Ouest, plus particulièrement dans la mangrove guinéenne et la forêt ivoirienne. Les 30 et 31 octobre derniers, près de 70 chercheurs, collaborateurs financiers et partenaires techniques se sont donnés rendez-vous au Centre culturel franco-guinéen de Conakry, capitale de la République de Guinée. L’occasion de faire le point sur les progrès réalisés en terme de lutte et de prévention pour combattre cette maladie qui, en l’absence de traitement, est fatale à l’homme.
 
Baptisée « trypanosomose humaine africaine » ou THA par les chercheurs, la maladie du sommeil est une maladie parasitaire transmise à l’homme par un insecte, la glossine, plus connu sous le nom de mouche tsé-tsé. Elle affecte principalement les populations rurales, dont la subsistance dépend de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage.
 
Contrairement à ce que suggère la croyance populaire, les personnes affectées ne subissent pas le même sort que la belle au bois dormant. S’il est bien question d’un trouble du sommeil, le désordre relève plus d’un dérèglement du cycle normal du sommeil. Le malade en vient ainsi à dormir le jour et veiller la nuit. Le parasite responsable de la maladie (Trypanosoma brucei) contamine le sang de son hôte, puis son système nerveux, d’où l’apparition de ces troubles du sommeil. S’en suivent des troubles sensoriels, moteurs, psychiques et neurologiques. Selon l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), les rares traitements actuellement disponibles sont très toxiques et nécessitent une hospitalisation de trois à quatre semaines. 

Au milieu du 20e siècle, la maladie du sommeil a, à tort, été considérée comme maîtrisée. Le dépistage de masse fut stoppé et la surveillance médicale se relâcha. Conséquence de ce relâchement, on assiste dans les années 1980 à une réémergence de la maladie. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), on recensait 40 000 cas déclarés et 300 000 personnes infectées en 1998. Après plus de dix années de lutte pour enrayer cette épidémie, le nombre de cas rapportés a chuté à moins de 10 000 en 2009, et ce pour la première fois en 50 ans. Les efforts de lutte se sont concentrés sur la Guinée, pays d’Afrique de l’Ouest le plus touché par la maladie. La mise en place en 2002 du Programme National de Lutte contre la THA (PNLTHA) a permis de dépister et traiter plusieurs centaines de malades, principalement dans les zones de mangrove du littoral guinéen. 

Mais la maladie du sommeil reste un inquiétant problème de santé publique pour certaines régions d’Afrique. Si les efforts menés au cours des dernières années ont porté leurs fruits, les acteurs de cette lutte n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin. L’IRD poursuit ainsi ses recherches pluridisciplinaires (étude des bases moléculaires et cellulaires de l’infection, approches diagnostique, thérapeutique, antiparasitaire etc.), en collaboration avec des organismes de recherche implantés en Afrique de l’Ouest. Les 30 et 31 octobre derniers, le PNLTHA guinéen, l’IRD et le CIRDES (1) ont organisé un atelier scientifique au Centre culturel franco-guinéen de Conakry. Près de 70 scientifiques, partenaires financiers et techniques ont répondu présents afin de présenter les conclusions de plus de 10 ans de recherche sur cette maladie. Ils ont notamment évoqué la mise au point de la « trypanolyse », technique de diagnostic qui permet de tester en laboratoire un grand nombre de personnes.  
1- Le Centre International de Recherche-Développement sur l’Elevage en zone Subhumide (Cirdes) est basé à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso. 

Cécile Cassier

17/11/2012
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