Questions de santé
Un cas de rage dans le Val d'Oise
Le 31 octobre dernier, l’Institut Pasteur a confirmé un cas de rage chez un chaton d’environ deux mois, blanc, noir et fauve. Mort des suites de la maladie, l’animal a été trouvé le 25 octobre 2013, rue Marguerite dans la commune d’Argenteuil, située dans le Val d’Oise. La rage n’ayant pas sévi en France depuis 2001, une enquête a immédiatement été ouverte afin d’identifier et de prendre en charge les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec ce chat entre le 8 octobre et le 28 octobre. Durant cette période au cours de laquelle la maladie aurait pu être transmise, cinq personnes ayant été en contact avec l’animal ont été identifiées. Référées en centre antirabique, elles ont reçu un traitement préventif.
Mais l’affaire a suscité l’inquiétude du ministère de l’agriculture, qui a lancé un appel au public. Ainsi, toute personne qui estime avoir pu être en contact avec le dit chaton entre le 8 octobre et le 28 octobre doit se faire connaître et appeler d’urgence le 08 11 00 06 95 (1). Cela concerne non seulement les personnes qui ont été mordues, griffées ou léchées sur une muqueuse (bouche, yeux…) par l’animal, que celles dont l’animal aurait pu côtoyer le chaton. Toute personne ayant des informations sur ce chat ou sur son propriétaire est également invitée à contacter ce numéro. Il est en effet essentiel de retrouver toutes les personnes et les animaux ayant été en contact avec ce chaton, la mère de celui-ci et les autres petits de la portée. Selon le ministère de l’agriculture, il est probable que ce chaton ou sa mère ait été importé depuis un autre pays où la rage n’a pas été éradiquée.
Le chaton identifié par l'Institut Pasteur comme affecté par la rage.
Encéphalomyélite affectant humains comme mammifères, la rage est une maladie mortelle si elle n’est pas traitée à temps. Considérée comme l’une des zoonoses (2) les plus graves dans le monde, cette maladie infectieuse se transmet le plus fréquemment par morsure. Elle est transmissible durant les 15 jours précédant l’apparition des premiers symptômes de la maladie chez l’animal. "Elle est due à la multiplication dans l’organisme (et plus particulièrement dans le système nerveux) d’un virus appartenant à la famille des rhabdovirus". La réactivité est la clé de la lutte contre cette maladie. De fait, le traitement préventif de la rage humaine, administré après l’entrée en contact avec le sujet affecté mais avant l’apparition des symptômes, est très efficace.
1. Il s’agit d’un numéro local accessible entre 10H00 et 18H00 heures à partir du 1er novembre 2013.
2. Les zoonoses sont des maladies qui se transmettent des animaux vertébrés à l’homme, et réciproquement.
Cécile Cassier
L'eau douce : or bleu pour les uns, besoin vital pour tous
Contraception : la pilule a du mal à passer
Quelle ne fut pas ma surprise d’entendre à la radio un bon matin que la pilule contraceptive (1) répondant au doux nom de Diane 35 allait être arrêtée car soupçonnée d’être à l’origine de plusieurs décès. L'incriminée m'est bien connue puisqu’elle a côtoyé mes placards de salle de bain pendant près de 10 ans. J'ai ainsi suivi l’exemple de ma maman, qui l’a prise pendant 30 ans. Petites veinardes que nous sommes, et ce n’est pas que de l'ironie !
- Autorisée dans 135 pays et commercialisée dans 116 pays, la Diane® 35 a obtenu son autorisation de mise sur le marché (AMM) en France en juillet 1987. Outre son action contraceptive, elle est également prescrite en traitement de l’acné chez la femme. En 2012, on recensait environ 315 000 femmes en France sous traitement par Diane® 35 ou ses génériques.
- Le 27 janvier dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a publié un communiqué suite à la révélation médiatique de cas de pharmacovigilance signalés depuis 1987. Parmi ces cas déclarés au cours des 25 dernières années, « quatre décès sont imputables à une thrombose veineuse (ou phlébite) (2) liée à Diane® 35 ». Pour « trois autres cas mentionnés », « la cause du décès est liée à des pathologies sous-jacentes des patientes concernées ». En revanche, l’ANSM ne précise pas la cause, suspectée ou identifiée, des 125 autres cas de thrombose (113 thromboses veineuses et 12 thromboses artérielles) recensés sur cette période. Sans surprise, ce même 27 janvier, l’ANSM annonçait la conduite d’une analyse bénéfices / risques de Diane® 35, s’engageant à prendre « les mesures appropriées » en fonction des conclusions rendues.
- Une pilule jugée trop risquée et…non contraceptive !
- Trois jours plus tard, soit le 30 janvier, les conclusions en question étaient publiées sur le site de l’ANSM. Nouvelle surprise, on y apprend tout d’abord que Diane® 35 est « un médicament utilisé dans le traitement de l’acné et non un contraceptif ». Il semble, dès lors, qu'un malentendu se soit produit avec les divers gynécologues qui m'ont suivi, puisque je recherchais bien un moyen de contraception et non un traitement acnéique. A moins que je n'ai confondu la porte du dermatologue et celle du gynécologue. Et dans la mesure où je n’ai aucune raison de mettre en doute leurs compétences, il est probable que cette déclaration des autorités sanitaires soit une tentative peu subtile pour détourner l’affaire Diane® 35 du dossier épineux des 3ème et 4ème générations de pilule (3). S'entêtant dans son idée, l’ANSM estime que l’usage massif de ce médicament en tant que pilule est non conforme, l’AMM de Diane® 35 ayant été autorisée pour la seule indication « Traitement de l’acné chez la femme ». Le contraceptif n’était qu’un petit plus, un petit plus bien relatif puisque de nombreuses femmes seront heureuses d'apprendre que « son efficacité comme contraceptif n’a pas été démontrée par des études cliniques appropriées » !
- Concernant le rapport bénéfices / risques de « cette pilule » (pardonnez-moi mais je m’obstine, la force de l’habitude après avoir pris un traitement acnéique comme moyen de contraception pendant 10 ans, folle que je suis !), celui-ci s’avère « défavorable ». Voilà un doux euphémisme pour admettre que le jeu n’en vaut pas la chandelle, face « au risque thromboembolique veineux et artériel auxquels s’exposent les femmes traitées ». De fait, « de nouvelles données » montrent que ces dernières présentent un risque thromboembolique veineux quatre fois plus élevé que les femmes ne prenant pas ce traitement.
- 3 mois de sursis pour la Diane® 35
- Sur la base de ces informations, l’ANSM a entamé une procédure de suspension des AMM de ce « médicament », suspension qui entrera en vigueur d’ici trois mois. Sage décision bien que tardive, certes, mais que doivent faire les femmes toujours sous Diane® 35 ? Selon l’agence, qui craint une recrudescence des grossesses non désirées, les patientes ne doivent pas interrompre « brutalement » leur traitement et attendre leur prochaine consultation chez leur médecin. J’imagine que, la survenue d’une thrombose étant plus élevée durant la première année de traitement, le fait d’être passé entre les mailles du filet jusque là est… encourageant. N'ayant plus le droit de prescrire cette PILULE, les médecins sont tenus d’envisager avec leurs patientes d'autres « options thérapeutiques ». Pour ma part, je recommanderais de vérifier que l’AMM du moyen contraceptif proposé soit bien délivrée... à des fins contraceptives. Durant ce délai de trois mois, les pharmaciens délivreront les « traitements minimaux ». Passée cette période, toute prescription et délivrance seront interdites, et l’ensemble des lots présents sur le marché retirés.
- Pilules de 3ème et 4ème générations : nouveau scandale sanitaire en vue ?
- Soucieuse d’apaiser les esprits, l’ANSM a mis en place depuis le 23 janvier, à la demande du ministère de la santé, un numéro vert gratuit (4) pour informer les femmes sur les pilules contraceptives. Cette plateforme téléphonique fait écho à la polémique actuelle, générée autour des pilules contraceptives de 3ème et 4ème générations. Une polémique qui n'est pas sans fondement, le ministère de la santé ayant « mené une campagne d’information auprès des professionnels de santé afin que la pilule de 1ère et 2ème générations soit systématiquement privilégiée ».
- Que reproche-t-on aux 3ème et 4ème générations ? Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les thromboses veineuses (phlébite, embolie pulmonaire) sont plus fréquentes avec les pilules de 3ème et 4ème générations qu’avec celles de 1ère et 2ème générations. Toutefois, les 1ère et 2ème ne sont pas la panacée que l’on imagine, puisque « un risque de thrombose artérielle (accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde) » existe quelle que soit la génération de la pilule utilisée.
- Pour la femme, la prise d’un contraceptif oral s'apparente de plus en plus à un parcours du combattant, où prime la solution du moindre mal. La HAS recommande la réalisation d’un bilan biologique avant toute mise en route d’un contraceptif afin d’évaluer le cholestérol total, les triglycérides et la glycémie à jeun. Ce bilan doit être renouvelé tous les 5 ans.
1- « La pilule est un médicament qui agit principalement en mettant les ovaires au repos, par une combinaison d’hormones de synthèse. Il s’agit généralement d’un estrogène et d’un progestatif. On parle alors de contraceptif oral combiné (COC) ou de contraceptif oral œstroprogestatif ». (source : ministère de la santé).
2- La thrombose veineuse, ou phlébite, « désigne la formation d'un caillot dans une veine. Dans la mesure où le caillot peut se détacher et provoquer une embolie pulmonaire (obstruction de l'artère pulmonaire), la thrombose profonde impose une consultation d'urgence ». (source : Inserm).
3- La génération d’une pilule renvoie non à son degré d’innovation mais au type de progestatif qu’elle renferme.
4- Du lundi au samedi, de 9h à 20h, une équipe de téléopérateurs, encadrée par un médecin et des sages-femmes, répondent aux questions au numéro suivant : 08 00 63 66 36.
Cécile Cassier
La pollution au mercure affecte la santé de 10 à 15 millions de personnes dans le monde
- Paradoxalement, bien que la demande de mercure mondiale ait chuté au cours des dernières années, on craint aujourd'hui une augmentation des émissions de mercure dans certaines régions d'Afrique, d'Asie et d'Amérique du Sud. Ces sombres prévisions s'appuient sur le recours massif à ce métal dans le cadre d'activités d'orpaillage (2) et de combustion de charbon à des fins de production d'électricité. Les émissions de mercure dues à l'extraction minière artisanale ont ainsi doublé depuis 2005. Chaque année, on évalue à 727 tonnes les émissions générées par l'orpaillage, représentant 35 % des émissions mondiales. Et la hausse du cours de l'or n’augure rien de bon. La combustion du charbon génère, quant à elle, près de 475 tonnes d'émissions de mercure par an, soit environ 24 % des émissions mondiales. Soumise à une industrialisation rapide, l'Asie est ainsi devenue le principal émetteur de mercure, responsable de près de la moitié des rejets mondiaux.
- A l'heure actuelle, on estime que l'exposition au mercure met en danger la santé de 10 à 15 millions de personnes pratiquant l'orpaillage à travers le monde, principalement en Afrique, en Asie et en Amérique du Sud. Trois millions d'entre elles sont des femmes et des enfants. L’un des points forts de l'étude du PNUE a été de s’intéresser à la pollution de l'environnement, levant la question d'une exposition chronique et prolongée. Elle a ainsi mis en lumière, pour la première fois, la pollution au mercure des rivières et des lacs. Elle évalue à 260 tonnes la quantité de mercure déversé dans ces points d'eau, auparavant conservé dans les sols. Les océans ne font pas exception. Au cours des 100 dernières années, la concentration de mercure observée dans les 100 premiers mètres des océans du monde a doublé, à cause des émissions dues aux activités humaines. Lorsque l'on plonge plus en profondeur, on constate une augmentation de 25 % de la quantité de mercure présent.
- Preuve qu'aucun milieu, qu'aucune région du monde n'est épargné, environ 200 tonnes de mercure se déposent chaque année dans l'Arctique, se dispersant loin de leur lieu de rejet. Des études ont révélé chez certaines espèces de la faune arctique des niveaux de mercure multipliés par 10 au cours des 150 dernières années. L'activité humaine en est la principale cause.
- Certes principales, l'orpaillage et la combustion de charbon ne sont pas les seules sources de rejet de mercure. Sont également à prendre en compte : la production de métal et de ciment (extraction et consommation de combustibles fossiles), les soins dentaires déjà évoqués sur ce blog, certains produits de grande consommation (appareils électroniques, interrupteurs, piles, ampoules basse consommation), certains cosmétiques (mascara, crèmes éclaircissantes pour la peau etc.), la production de matières plastiques (fabrication du polychlorure de vinyle ou PVC), les industries utilisant le procédé chlore- alcali (production de chlore et de soude à partir de sel), etc.
- Des alternatives à l'utilisation du mercure sont disponibles dès à présent. Mais elle pâtissent d’arguments économiques peu avantageux. En outre, la prise de conscience des dangers relatifs à l'utilisation du mercure peine encore à convaincre dans certains pays en développement. La publication de l’étude dont il est question ici a précédé de quelques jours la réunion du Comité de négociation intergouvernemental sur le mercure (INC5). Tenue à Genève du 13 au 18 janvier derniers, celle-ci avait pour ordre du jour la mise en point d'un traité mondial juridiquement contraignant sur le mercure. Cette collaboration internationale entend œuvrer à l’amélioration de ce secteur peu réglementé et, par là-même, au renforcement des droits des travailleurs. L’effort est louable et nécessaire mais, si l’on tient compte de la capacité de persistance du mercure dans l'environnement, il faudra probablement des années, pour ne pas dire des décennies, pour que la réduction des émissions de mercure ait un effet notable sur les niveaux de mercure présents dans l'environnement, et donc dans la chaîne alimentaire.