Une bouffée d'oxygène

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Vernon : un bel exemple de ville « connectée » à ses habitants

N’échappant pas au tourbillon de la révolution numérique qui s’opère actuellement, bon nombre de collectivités font le choix d’adhérer aux nouvelles technologies et à leurs modes de communication. Un défi qui soulève certaines compétences, et requiert une réelle implication des équipes municipales, au regard du temps investi. Même si le débat reste ouvert, il me semble que cet engagement de la part des élus est une véritable aubaine pour les habitants de ces nouvelles villes interactives. Tout un chacun peut dès lors bénéficier d’informations quasiment en temps réel, tant sur les travaux en cours que sur les changements d’horaires de services publics (poste, écoles etc.) et les démarches administratives. Mais plus encore, cette contribution au dialogue numérique donne une nouvelle voix au public. Les habitants peuvent réagir, interagir avec l’équipe qu’ils ont élu, ou débattre avec leurs concitoyens. En donnant ainsi la parole à leurs électeurs, les élus deviennent des personnages accessibles et prennent le risque de s’exposer, que les retombées soient positives ou négatives. A mon sens, quelle que soit notre fonction, toute exposition au grand public demande une certaine dose de courage. Or, dans le cas présent, la seule motivation identifiable de cette prise de risque est de comprendre et servir au mieux les besoins réels de ceux qui donnent corps à une commune : ses habitants.

 

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Et lorsqu’il est question de ville dynamique, interactive, il y en a une qui se démarque : Vernon, une commune de près de 25 000 habitants établie dans le département de l’Eure, au bord de la Seine, à proximité de la capitale et jouxtant la belle ville impressionniste qu’est Giverny. Alors, certes, elle bénéficie d’un environnement, d’un héritage culturel et d’un patrimoine historique qui la rendent riche à plus d’un titre. Mais s’il n’est pas exploité, ce potentiel n’est rien. Et c’est là où l’équipe municipale entre en jeu, orchestrée avec intelligence par le binôme composé par Mr François Ouzilleau, maire de Vernon, et Mr Sébastien Lecornu, président du Département de l’Eure.

 

Aujourd’hui, Vernon, c’est les bords de Seine, les façades normandes du centre-ville, le Vieux-moulin en suspens au-dessus de l’eau, mais c’est aussi des associations sur le qui-vive et un programme d’activités culturelles continu, qui satisfait à toutes les générations et à tous les goûts. Se succèdent ainsi dans les multiples aires culturelles (Espace Philippe-Auguste, Centre culturel de Saint-Marcel etc.) des expositions, des conférences, des projections cinématographiques, des représentations théâtrales, des one-man show. Côté théâtre, les classiques côtoient d’autres œuvres, à l’instar de la comédie de Bénabar et Hector Cabello « Je vous écoute ». Courant janvier, le théâtre Saint-Marcel accueillera l’incontournable Jean-Luc Lemoine et, courant février, l’humoriste belge Nawell Madani. Côté musique, outre Lambert Wilson qui pousse la chansonnette en reprenant Yves Montand, sera également proposé un concert de Sinclair.

 

Effervescence culturelle donc, mais pas seulement. Vernon, c’est aussi une ville qui se distingue par la volonté d’être de plus en plus proche, de plus en plus à l’écoute de ses habitants. En témoignent les multiples empreintes de la ville apposées sur des supports papiers et digitaux. Lors d’une simple balade dans les rues vernonnaises, à l’approche des enseignes, vous pouvez ainsi vous procurer un exemplaire de Vernon Direct, magazine papier dont la maquette illustrée et moderne reflète la qualité du contenu. Si vous n’avez pas eu votre exemplaire, nulle inquiétude, vous pouvez télécharger gratuitement le numéro désiré depuis le site Internet dévolu au magazine (www.vernon-direct.fr).

La mairie a, elle aussi, soigné sa devanture Internet, grâce à laquelle certaines démarches sont désormais facilitées. En créant un « compte Citoyen », vous pouvez poser des questions d’ordre administratif ou autre, demander un rendez-vous avec un élu etc.

 

Alors que nous passons de plus en plus de temps les yeux rivés sur notre portable, là où tout se passe désormais, là où tout défile en un instant, on peut désormais suivre l’actualité de la ville presque en temps réel depuis ses comptes Twitter et Facebook. Si l’on a ainsi pu assister via les réseaux sociaux aux beaux moments de l’inauguration du Village de Noël au gré de photos et de vidéos, on s’informe également sur des signatures et partenariats entre élus qui ouvriront des budgets à la ville. Bien d’autres informations circulent, pourvu qu’elles servent l’intérêt des vernonnais. En ce 12 janvier, la mairie vernonnaise a relayé sur sa page Facebook le bulletin vigilance de Météo France, en raison de conditions climatiques défavorables à venir. Enfin, une invitation a été lancée pour prendre part aux vœux de nouvelle année le 28 janvier prochain, en présence des élus de la ville de Vernon et de Seine Normandie Agglomération. La vie exclusivement numérique n’est certes pas souhaitable, mais il faut reconnaître, qu’employée avec intelligence et justement dosée, elle rend de réels services. Derrière ce flot d’informations, se cachent les petites mains de l’équipe municipale qui, à toute heure, suivent chaque évènement pour en assurer le relais. Et si le temps passé devant nos écrans de smartphones est chronophage, il l’est plus encore pour ceux qui les alimentent.

 

Les exemples d’innovations digitales au service des collectivités sont nombreux. Vernon a ainsi été la première ville de France à utiliser l’application OPnGO (www.opngo.com) à la fois pour la gestion des parkings et la voirie. Outre un paiement facilité aux parcmètres, celle-ci indique les parkings et places de stationnement en voirie situées à proximité de la destination demandée. Elle permet également de prolonger son temps de stationnement à distance.

L’application Fluicity, non spécifique à la ville de Vernon, est une autre trouvaille numérique. Application « participative », et le terme a son importance, elle informe au quotidien, et permet aux vernonnais de poser des questions et de débattre de sujets qui les concernent. Vernon a notamment eu recours à Fluicity pour initier un débat sur l’aménagement des berges de la Seine. Chaque numéro de Vernon Direct, le magazine consacré à la ville, se compose d’une tribune par le biais de laquelle l’équipe municipale répond à une question soulevée par un citoyen via l’application. A Vernon, on estime que plus de 1 500 personnes utilisent actuellement Fluicity. Les associations y ont également droit de cité, en se créant un compte dédié.

Cet aspect participatif gagne en puissance, comme l’atteste le groupe Facebook intitulé « Pokédéchets Go Vernon » (rebaptisé Zéro Déch’), en référence à l’application Pokémon Go. Initiative exclusivement citoyenne réunissant à ce jour 95 membres, ce groupe organise chaque semaine des opérations de ramassage de déchets. 

 

On le voit ; cette interactivité ne se fait pas au détriment de la vie quotidienne de la ville, bien au contraire, mais s’en veut le reflet. Si Vernon illustre à merveille cette nouvelle dynamique, la ville s’inscrit dans une vague qui prend de l’ampleur, répondant à un besoin d’action face à l’inertie et l’enlisement caractéristiques des périodes de crise. Et les internautes qui prennent la parole grâce à ce nouveau moyen d’expression n’ont pas toujours conscience de la faveur qui leur est faite. Oui, la liberté d’expression est un droit des plus basiques. Encore faut-il qu’il y ait quelqu’un pour écouter. En nous donnant la parole, nos élus nous offrent la possibilité de prendre part au changement, de manière à ce qu’il puisse répondre, au moins en partie, à nos attentes.

 

Cécile Cassier

Photo© Cécile Cassier


12/01/2017
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La première salle de shoot inaugurée à Paris

Ce matin, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, et Anne Hidalgo, maire de la capitale, ont inauguré en grande pompe la première salle de shoot parisienne, dont l’ouverture effective est prévue pour le 14 octobre prochain. Dans des termes plus officiels, cette première « salle de consommation à moindre risque » (SCMR) s’ancre dans un programme d’expérimentation sur une durée de 6 ans.

 

Adossée à l’hôpital Lariboisière, cette salle de 400 m² sera gérée par l’association Gaïa, spécialisée dans la réduction des risques et des dommages liés à l’usage de drogues. Réunissant une vingtaine de personnes incluant infirmiers, éducateurs, médecins, assistants sociaux et agents de sécurité, ce lieu assurera une permanence 7 jours sur 7, de 13h30 à 20h30.

 

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« L’Espace Gaïa » a vocation à réduire les risques d’overdoses, de contamination VIH/VHC, d’abcès, de complications veineuses etc. De fait, comme le rappelle le ministère de la santé, dans un contexte bien à propos, en 2011, plus de 10 % des usagers de drogues étaient infectés par le VIH (Sida) et plus de 40 % par le VHC (l’hépatite C). Outre les aspects sanitaires, l’initiative espère recréer un lien social avec ces marginaux pour la plupart, en favorisant une réinsertion auprès d’un personnel soignant. Un autre argument avancé auprès des récalcitrants pour « faire passer la pilule » (si vous me permettez ce jeu de mots), est la réduction des nuisances et des dangers liés à la circulation de drogues au sein d’espaces publics.  

 

Avec ce coup d’envoi, la France devient le 10ème pays à ouvrir une SCMR, 30 ans après la première ouverture en Suisse, cette dernière s’étant illustrée avec des résultats probants, notamment une diminution des overdoses et une sécurité urbaine améliorée. Une deuxième devrait voir le jour en France, à Strasbourg.

Pour Marisol Touraine, cette concrétisation est le signe d’une « politique responsable et pragmatique, qui accompagne au lieu de stigmatiser, qui choisit d’inclure plutôt que d’exclure des personnes exposées aux risques et éloignées de notre système de santé ». Cette conviction n’est certes pas partagée par tous. De fait, le sujet est délicat et les arguments avancés de part et d’autre se défendent. On peut en effet légitimement s’interroger sur le budget alloué à ce nouveau service et les coûts générés. D’autres craignent que cet appui aux consommateurs de drogues nous engage sur un terrain glissant, avec pour issue une possible légalisation des drogues, y comprises dures.


11/10/2016
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Airparif mesure les pesticides dans l'air francilien, à la campagne comme à la ville

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Au mois d’août 2014, s’achevait la dernière campagne « Pesticides » menée par Airparif, mettant fin à un an d’analyses et de mesures de l’air francilien. Au total, 171 composés ont été recherchés sur deux sites de prélèvements, situés respectivement en ville et à la campagne. L’étude a permis d’en détecter 48, incluant majoritairement des herbicides et des fongicides. Le nombre total de composés retrouvés en ville est de 38 éléments (1) contre 36 (2) pour les zones agricoles. Si les chiffres sont proches, les types de composés rencontrés diffèrent. De fait, si les insecticides et les acaricides sont l’apanage des milieux urbains, les herbicides remportent la palme en zone rurale.

 

Sans surprise, les zones agricoles présentent les taux de concentration les plus élevés, bien que les niveaux relevés en métropole, liés à des activités non agricoles, ne sont pas négligeables. En moyenne, les concentrations mesurées en zone urbaine et dans le Sud de l’Essonne restent inférieures ou égales à 0.2 ng / m3 (nanogramme par mètre cube) pour respectivement 56 % et 61 % des prélèvements. Mais, dès que l’on atteint des valeurs supérieures à 1 ng / m3, on a presque deux fois plus de chances de se trouver en milieu agricole.

 

Le printemps, cette saison autrefois tant attendue, la magie annuelle qui opère avec l’éclosion des fleurs et la faune qui reprend vie, marque désormais le coup d’envoi des fontaines à pesticides. Ne nous méprenons pas ; ces substances sont utilisées toute l’année. Mais l’étude d’Airparif nous le confirme, le printemps signe un pic du nombre de pesticides détectés dans l’air francilien. Ainsi, 65 %  des substances trouvées sont mesurés au printemps, dont 35 %  uniquement durant cette saison. Le pic est bien entendu plus marqué en zone agricole. Il faudra attendre l’hiver pour constater un net ralentissement des activités, tant en zone urbaine que rurale.

 

En comparant ces données avec la précédente campagne d’Airparif menée en 2006 sur ce sujet, on observe une baisse d’un quart des pesticides utilisés, passant de 29 à 21 entre 2006 et 2014. Cette tendance ne se vérifie pas en zone urbaine, où le nombre de composés est resté le même, stagnant à 19. Quant à la concentration des valeurs mesurées, là aussi, l’évolution est à la baisse, exception faite d’un composé dont la concentration maximale est en hausse : le Metolachlore. Airparif avance comme explication plausible à l’utilisation en hausse de cette substance l’arrêt de plusieurs autres herbicides qu’il aurait fallu compenser.

 

Enfin, autre donnée inquiétante, 15 composés interdits en tant que produits phytosanitaires sont toujours détectés en 2014. La sphère urbaine est la principale concernée, avec 52 détections contre 14 en zone rurale.  Cela peut notamment s’expliquer par la diversité des usages propres aux particuliers et par le stockage à long terme de produits qui refont surface longtemps après leur interdiction.

Si l’on commence tout juste à s’inquiéter de mesurer la proportion de ces substances joyeusement relâchées dans l’air, il n’existe toujours aucune réglementation en la matière, ni même de dispositif de surveillance. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a certes été officiellement saisie sur la question. Mais de là à ce que tout le monde se ressaisisse, nous pourrions bien attendre longtemps.

 

Ces récentes données donnent une nouvelle saveur au discours ambiant (puisqu’il est ici affaire d’ambiance), que l’on nous sert de toute part, à des sauces différentes. Ce martèlement dans nos esprits malléables, avec cet arrière-goût bien culpabilisant, scandant que la pollution de l’air est majoritairement le fait de nos damnés véhicules et de nos mauvaises habitudes de consommateurs outrageux. Il serait certes de mauvaise foi de prétendre le contraire. Mais cette satanée boîte à quatre roues a déjà mauvaise presse, la vilaine ; elle est tellement plus facile à tacler. Le petit plaisir individuel qu’il est tant plaisant de déprécier, si belle matière à la culpabilisation. Il est bien plus délicat de toucher à la sacro-sainte agriculture, affaire de travail de la terre, cette communion ancestrale avec la nature. Elle nous nourrit, mal mais quand même. D’ailleurs, ce n’est pas elle qui nous nourrit mal ; ce sont ceux qui l’exploitent.

 

Mais on oublie bien vite les multiples débouchés de notre région, malgré les champs qui défilent à travers les vitres de nos voitures. L’agriculture est aux portes de la ville et, à bien plus petite échelle, dans nos jardins. Et ce n’est pas une mauvaise chose, bien au contraire, cette combinaison du rural et de l’urbain. C’est plus la façon de penser l’agriculture qui appelle à réflexion. De mauvaise foi, n’en déplaise à certains, le discours que l’on nous rabâche sans cesse omet d’autres formes de pollution plus latentes, que l’on a continuellement sous les yeux, dans le nez, que l’on respire d’abord, puis que l’on déguste ensuite, tel le fruit empoisonné. Le bon air de la campagne a déserté depuis fort longtemps ; les épandages à grande échelle, à grande fréquence, sont désormais le quotidien de ces paysages. Les abeilles disparaissent, les problèmes respiratoires deviennent le mal du siècle pour nous, et nos compagnons canins, félins, équins etc.

 

Et nous, pauvres habitants de ces zones désormais sinistrées mais qui s’ignorent comme telles, nous n’avons que le droit de nous taire. Car qui siègent aux tables des mairies, des collectivités ? Les grands possesseurs des terres agricoles qui vous entourent et jalonnent vos maisons et jardins, ces grands maîtres locaux qui font le beau temps et la pluie aux pesticides. L’omerta est partout, et bien plus pernicieuse quand elle n’est pas reconnue. Et, lorsque vous avez le malheur d’ouvrir la bouche, de protester auprès des « élus », dont vous ne vouliez pas, on vous accueille avec cet air goguenard et sûr de lui, sûr de votre impuissance à agir. Comment ça, vous n’êtes pas heureux de prendre votre petite dose quotidienne de substances cancérigènes à l’arrivée de ce beau printemps ? Comment ça, vous ne pouvez pas vivre les portes et les fenêtres ouvertes l’esprit tranquille, laisser vos enfants gambader le long des champs, accueillir vos amis au barbecue du week-end, laisser paitre vos animaux à l’air libre sans que leur respiration devienne saccadée ? Et que l’on vous dit que ces substances actives et bien pensantes ne s’attaquent qu’aux nuisibles, les malignes que voilà, ces petites molécules qui ne ciblent que les cellules à détruire, que celles qu’il faut et non toutes espèces confondues.  

 

C’est quand même sidérant cette manie de nous prendre pour de sombres idiots. Nous sommes contraints d’assister à ce manège tous les jours, reclus derrière nos fenêtres, le regard inquiet. Et on crie dans le vide. On passe pour des paranoïaques, des âmes sensibles. Oui, mon âme est sensible lorsqu’il s’agit de ma santé, et je ne vois pas en quoi il y a matière à avoir honte. Je ne prône ni les vaccinations à outrance, ni les médicaments à chaque repas. Je suis pour le bien-être, le bon vivre, le verre d’alcool chantant avec les amis, la bonne table. Et je suis contre l’empoisonnement récurrent, à petite dose mais quotidien, persistant. Je n’y vois aucune contradiction. Alors, certes, on a un peu réduit l’usage des pesticides. La belle affaire. L’effort est là, même s’il est modeste, mais la pensée profonde est restée la même.

 

Il s’agit pourtant de notre santé que l’on démolit quotidiennement. Je ne comprends pas cette aptitude collective, de masse, si courante à fermer les yeux sur des problèmes qui nous touchent directement. Quel sentiment d’impuissance à vivre près des lieux de production et à voir tant de gens se voiler la face, à chaque bout de la chaîne. Que l’on nous critique encore, à la vue des produits bio qu’abrite notre panier de courses. Je vous inviterai chez moi à un barbecue lorsque les pattes menaçantes de l’épandage se promèneront dans le champ voisin. Vous pourrez ainsi le respirer à pleins poumons. Et je vous inviterai tous les jours pour que le plaisir soit quotidien. Les produits bio ne sont peut-être pas à 0% de pesticides mais ils les réduisent considérablement. Et c’est en augmentant la demande, nous, en tant que consommateurs que nous pourrons influer sur la production en amont, de sorte que la production bio devienne plus locale, plus étendue, et donc moins contaminée par les mauvaises habitudes ambiantes. De la consommation dépend la production. On nous sert seulement ce que nous acceptons de consommer, c’est aussi simple que ça.

 

Mais les mauvaises habitudes ont la dent dure et la responsabilité bien souvent difficile à admettre. Elle n’est pourtant pas lourde à porter quand on est plusieurs. L’effort pour améliorer le bien commun ne peut être que collectif ; c’est l’évidence qui parle. Et, dès lors, l’inertie devient la meilleure excuse pour continuer à ingurgiter sans réfléchir, ni contester ce que l’on vient nous asperger à domicile. Et quand à ceux qui nous disent de déménager, que ces terres sont agricoles et que c’est leur vocation depuis toujours, je dirai que c’est faire preuve de bien de mauvaise foi. C’est nous, les consommateurs, qui vous font vivre, vous, les prétendument amoureux de la terre qui la détruisez sans vergogne ; nous qui consommons sans broncher les saloperies que vous faites pousser à vitesse grand V, en épuisant toujours plus cette pauvre terre qui rechigne de plus en plus à nous nourrir, à juste titre d’ailleurs. Je ne prétends certes pas que le quotidien de ces travailleurs est un parcours de santé, c’est le cas de le dire. J’ai bien conscience de la pression que fait naître la mondialisation et notre société de consommation. Mais le système agricole français est défaillant, comme bien d’autres d’ailleurs. A grands coups de subventions gouvernementales qui ne résolvent rien et assurent prospérité à ces mauvaises habitudes, devenues immuables.  Quel bel héritage on se crée, qui bousille tout : producteurs, matière première et consommateurs. Mais personne ne bouge et tout le monde prend sa becquée en serrant les dents, et en se disant que peut-être demain, ça ira mieux.

 

Il n’est pas question de pointer des responsables, de revenir sur les erreurs commises, qui ne sont la faute de personne. Seulement de les admettre. D’admettre où nous en sommes arrivés aujourd’hui. Et de renverser la tendance. Pourquoi le changement inquiète-t-il tant ? Pourquoi ne pourrait-il servir les intérêts de tous ? Mais nous sommes terrifiés à l’idée de voir nos petits intérêts lésés, alors on patiente et on accepte ce qui est. L’homme est pourtant un être intelligent, et niveau évolution, il ne s’était pas mal débrouillé jusqu’à présent. Consommateurs, producteurs, c’est pour tous le même combat. C’est à nous d’œuvrer, car si l’on s’en remet aux têtes qui se disent pensantes et qui sont à la tête de notre pays, nous allons gaiement continuer à creuser notre tombe. Mais ne vous inquiétez pas, d’ici là, les laboratoires nous auront préparés de bonnes petites pilules bleues, rouges, noires, vertes, pour « soigner », du moins atténuer, tous les maux que nous nous serons nous-mêmes infligés. L’histoire n’est pas nouvelle mais toujours triste à mourir ; soigner les symptômes pour ne pas avoir agir à la source. Même si celle-ci est destinée à se tarir un jour.

 

1- Source : Airparif. Listes des composés détectés en milieux urbain et rural.

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Cécile Cassier


12/05/2016
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King Kong Théorie de Virginie Despentes. Extraits choisis et ... poétiques !

Le féminisme a mauvaise presse ; comme beaucoup de mouvance, il pâtit d'extrémistes. Virginie Despentes n'en fait pas partie, et nous montre une façon intelligente de l'envisager, sans réduire les hommes, mais en démontrant qu'inférioriser les femmes est rarement dans l'intérêt des hommes... J'aime, alors je partage, toute à ma découverte.

 

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(...) "Depuis quelque temps, en France, on n'arrête plus de se faire engueuler, rapport aux années 70. Et qu'on a fait fausse route, et qu'est-ce qu'on a foutu avec la révolution sexuelle, et qu'on se prend pour des hommes ou quoi, et qu'avec nos conneries, on se demande où est passée la bonne vieille virilité, celle de papa et du grand-père, ces hommes qui savaient mourir à la guerre et conduire un foyer avec une saine autorité. Et la loi derrière lui. On se fait engueuler parce que les hommes ont peur. Comme si on y était pour quelque chose. C'est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n'y met pas assez du sien.... L'homme blanc s'adresse-t-il ici réellement aux femmes ou cherche-t-il à exprimer qu'il est surpris de la tournure que prennent globalement ses affaires ? Quoi qu'il en soit, c'est pas concevable ce que l'on se fait engueuler, rappeler à l'ordre et contrôler. Ici, on joue trop les victimes, ailleurs on ne baise pas comme il faut, trop comme des chiennes ou trop amoureuses attendries, quoi qu'il arrive on n'y a rien compris, trop porno ou pas assez sensuelles... Décidément, cette révolution sexuelle, c'était de la confiture aux connes. "

 

"(...) Les femmes de mon âge sont les premières pour lesquelles il est possible de mener une vie sans sexe, sans passer par la case couvent. Le mariage forcé est devenu choquant. Le devoir conjugal n'est plus une évidence. Pendant des années, j'ai été à des milliers de kilomètres du féminisme, non par manque de solidarité ou de conscience, mais parce que, pendant longtemps, être de mon sexe ne m'a effectivement empêchée de grand-chose. (...) D'accord, la France actuelle, c'est loin d'être l'Arcadie pour tous. On n'est ni heureuses, ni heureux, ici. ça n'a aucun rapport avec le respect de la tradition des genres. On pourrait toutes rester en tablier à la cuisine à faire des gosses chaque fois qu'on baise, ça ne changerait rien à la faillite du travail, du libéralisme, du christianisme ou de l'équilibre écologique."

 

"(...) Les hommes dénoncent avec virulence injustices sociales ou raciales, mais se montrent indulgents et compréhensifs quand il s'agit de domination machiste. Ils sont nombreux à vouloir expliquer que le combat féministe est annexe, un sport de riches, sans pertinence, ni urgence. Il faut être crétin, ou salement malhonnête, pour trouver une oppression insupportable et juger l'autre pleine de poésie."

 

"(...) Car la virilité traditionnelle est une entreprise aussi mutilatrice que l'assignement à la féminité. Qu'est-ce que ça exige, au juste, être un homme, un vrai ? Répression des émotions. Taire sa sensibilité. Avoir honte de sa délicatesse, de sa vulnérabilité. Quitter l'enfance brutalement, et définitivement : les hommes-enfants n'ont pas bonne presse. Être angoissé par la taille de sa bite. Savoir faire jouir les femmes sans qu'elles sachent ou veuillent indiquer la marche à suivre. Ne pas montrer sa faiblesse. Museler sa sensualité. S'habiller dans des couleurs ternes, porter toujours les mêmes chaussures pataudes, ne pas jouer avec ses cheveux, ne pas porter trop de bijoux, ni aucun maquillage. Devoir faire le premier pas, toujours. N'avoir aucune culture sexuelle pour améliorer son orgasme. Ne pas savoir demander d'aide. Devoir être courageux, même si on n'en a aucune envie. Valoriser la force quel que soit son caractère. Faire preuve d'agressivité. Avoir un accès restreint à la paternité. Réussir socialement, pour se payer les meilleures femmes. Craindre son homosexualité car un homme, un vrai, ne doit pas être pénétré. Ne pas jouer à la poupée quand on est petit, se contenter de petites voitures et d'armes en plastiques supermoches. Ne pas trop prendre soin de son corps. Être soumis à la brutalité des autres hommes, sans se plaindre. Savoir se défendre, même si on est doux. Être coupé de sa féminité, symétriquement aux femmes qui renoncent à leur virilité, non pas en fonction des besoins d'une situation ou d'un caractère, mais en fonction de ce que le corps collectif exige. Afin que, toujours, les femmes donnent les enfants pour la guerre, et que les hommes acceptent d'aller se faire tuer pour sauver les intérêts de trois ou quatre crétins à vue courte."


04/09/2015
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Je suis Charlie

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07/01/2015
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