Une bouffée d'oxygène

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Phénomènes de société


Vernon : un bel exemple de ville « connectée » à ses habitants

N’échappant pas au tourbillon de la révolution numérique qui s’opère actuellement, bon nombre de collectivités font le choix d’adhérer aux nouvelles technologies et à leurs modes de communication. Un défi qui soulève certaines compétences, et requiert une réelle implication des équipes municipales, au regard du temps investi. Même si le débat reste ouvert, il me semble que cet engagement de la part des élus est une véritable aubaine pour les habitants de ces nouvelles villes interactives. Tout un chacun peut dès lors bénéficier d’informations quasiment en temps réel, tant sur les travaux en cours que sur les changements d’horaires de services publics (poste, écoles etc.) et les démarches administratives. Mais plus encore, cette contribution au dialogue numérique donne une nouvelle voix au public. Les habitants peuvent réagir, interagir avec l’équipe qu’ils ont élu, ou débattre avec leurs concitoyens. En donnant ainsi la parole à leurs électeurs, les élus deviennent des personnages accessibles et prennent le risque de s’exposer, que les retombées soient positives ou négatives. A mon sens, quelle que soit notre fonction, toute exposition au grand public demande une certaine dose de courage. Or, dans le cas présent, la seule motivation identifiable de cette prise de risque est de comprendre et servir au mieux les besoins réels de ceux qui donnent corps à une commune : ses habitants.

 

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Et lorsqu’il est question de ville dynamique, interactive, il y en a une qui se démarque : Vernon, une commune de près de 25 000 habitants établie dans le département de l’Eure, au bord de la Seine, à proximité de la capitale et jouxtant la belle ville impressionniste qu’est Giverny. Alors, certes, elle bénéficie d’un environnement, d’un héritage culturel et d’un patrimoine historique qui la rendent riche à plus d’un titre. Mais s’il n’est pas exploité, ce potentiel n’est rien. Et c’est là où l’équipe municipale entre en jeu, orchestrée avec intelligence par le binôme composé par Mr François Ouzilleau, maire de Vernon, et Mr Sébastien Lecornu, président du Département de l’Eure.

 

Aujourd’hui, Vernon, c’est les bords de Seine, les façades normandes du centre-ville, le Vieux-moulin en suspens au-dessus de l’eau, mais c’est aussi des associations sur le qui-vive et un programme d’activités culturelles continu, qui satisfait à toutes les générations et à tous les goûts. Se succèdent ainsi dans les multiples aires culturelles (Espace Philippe-Auguste, Centre culturel de Saint-Marcel etc.) des expositions, des conférences, des projections cinématographiques, des représentations théâtrales, des one-man show. Côté théâtre, les classiques côtoient d’autres œuvres, à l’instar de la comédie de Bénabar et Hector Cabello « Je vous écoute ». Courant janvier, le théâtre Saint-Marcel accueillera l’incontournable Jean-Luc Lemoine et, courant février, l’humoriste belge Nawell Madani. Côté musique, outre Lambert Wilson qui pousse la chansonnette en reprenant Yves Montand, sera également proposé un concert de Sinclair.

 

Effervescence culturelle donc, mais pas seulement. Vernon, c’est aussi une ville qui se distingue par la volonté d’être de plus en plus proche, de plus en plus à l’écoute de ses habitants. En témoignent les multiples empreintes de la ville apposées sur des supports papiers et digitaux. Lors d’une simple balade dans les rues vernonnaises, à l’approche des enseignes, vous pouvez ainsi vous procurer un exemplaire de Vernon Direct, magazine papier dont la maquette illustrée et moderne reflète la qualité du contenu. Si vous n’avez pas eu votre exemplaire, nulle inquiétude, vous pouvez télécharger gratuitement le numéro désiré depuis le site Internet dévolu au magazine (www.vernon-direct.fr).

La mairie a, elle aussi, soigné sa devanture Internet, grâce à laquelle certaines démarches sont désormais facilitées. En créant un « compte Citoyen », vous pouvez poser des questions d’ordre administratif ou autre, demander un rendez-vous avec un élu etc.

 

Alors que nous passons de plus en plus de temps les yeux rivés sur notre portable, là où tout se passe désormais, là où tout défile en un instant, on peut désormais suivre l’actualité de la ville presque en temps réel depuis ses comptes Twitter et Facebook. Si l’on a ainsi pu assister via les réseaux sociaux aux beaux moments de l’inauguration du Village de Noël au gré de photos et de vidéos, on s’informe également sur des signatures et partenariats entre élus qui ouvriront des budgets à la ville. Bien d’autres informations circulent, pourvu qu’elles servent l’intérêt des vernonnais. En ce 12 janvier, la mairie vernonnaise a relayé sur sa page Facebook le bulletin vigilance de Météo France, en raison de conditions climatiques défavorables à venir. Enfin, une invitation a été lancée pour prendre part aux vœux de nouvelle année le 28 janvier prochain, en présence des élus de la ville de Vernon et de Seine Normandie Agglomération. La vie exclusivement numérique n’est certes pas souhaitable, mais il faut reconnaître, qu’employée avec intelligence et justement dosée, elle rend de réels services. Derrière ce flot d’informations, se cachent les petites mains de l’équipe municipale qui, à toute heure, suivent chaque évènement pour en assurer le relais. Et si le temps passé devant nos écrans de smartphones est chronophage, il l’est plus encore pour ceux qui les alimentent.

 

Les exemples d’innovations digitales au service des collectivités sont nombreux. Vernon a ainsi été la première ville de France à utiliser l’application OPnGO (www.opngo.com) à la fois pour la gestion des parkings et la voirie. Outre un paiement facilité aux parcmètres, celle-ci indique les parkings et places de stationnement en voirie situées à proximité de la destination demandée. Elle permet également de prolonger son temps de stationnement à distance.

L’application Fluicity, non spécifique à la ville de Vernon, est une autre trouvaille numérique. Application « participative », et le terme a son importance, elle informe au quotidien, et permet aux vernonnais de poser des questions et de débattre de sujets qui les concernent. Vernon a notamment eu recours à Fluicity pour initier un débat sur l’aménagement des berges de la Seine. Chaque numéro de Vernon Direct, le magazine consacré à la ville, se compose d’une tribune par le biais de laquelle l’équipe municipale répond à une question soulevée par un citoyen via l’application. A Vernon, on estime que plus de 1 500 personnes utilisent actuellement Fluicity. Les associations y ont également droit de cité, en se créant un compte dédié.

Cet aspect participatif gagne en puissance, comme l’atteste le groupe Facebook intitulé « Pokédéchets Go Vernon » (rebaptisé Zéro Déch’), en référence à l’application Pokémon Go. Initiative exclusivement citoyenne réunissant à ce jour 95 membres, ce groupe organise chaque semaine des opérations de ramassage de déchets. 

 

On le voit ; cette interactivité ne se fait pas au détriment de la vie quotidienne de la ville, bien au contraire, mais s’en veut le reflet. Si Vernon illustre à merveille cette nouvelle dynamique, la ville s’inscrit dans une vague qui prend de l’ampleur, répondant à un besoin d’action face à l’inertie et l’enlisement caractéristiques des périodes de crise. Et les internautes qui prennent la parole grâce à ce nouveau moyen d’expression n’ont pas toujours conscience de la faveur qui leur est faite. Oui, la liberté d’expression est un droit des plus basiques. Encore faut-il qu’il y ait quelqu’un pour écouter. En nous donnant la parole, nos élus nous offrent la possibilité de prendre part au changement, de manière à ce qu’il puisse répondre, au moins en partie, à nos attentes.

 

Cécile Cassier

Photo© Cécile Cassier


12/01/2017
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La première salle de shoot inaugurée à Paris

Ce matin, Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la Santé, et Anne Hidalgo, maire de la capitale, ont inauguré en grande pompe la première salle de shoot parisienne, dont l’ouverture effective est prévue pour le 14 octobre prochain. Dans des termes plus officiels, cette première « salle de consommation à moindre risque » (SCMR) s’ancre dans un programme d’expérimentation sur une durée de 6 ans.

 

Adossée à l’hôpital Lariboisière, cette salle de 400 m² sera gérée par l’association Gaïa, spécialisée dans la réduction des risques et des dommages liés à l’usage de drogues. Réunissant une vingtaine de personnes incluant infirmiers, éducateurs, médecins, assistants sociaux et agents de sécurité, ce lieu assurera une permanence 7 jours sur 7, de 13h30 à 20h30.

 

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« L’Espace Gaïa » a vocation à réduire les risques d’overdoses, de contamination VIH/VHC, d’abcès, de complications veineuses etc. De fait, comme le rappelle le ministère de la santé, dans un contexte bien à propos, en 2011, plus de 10 % des usagers de drogues étaient infectés par le VIH (Sida) et plus de 40 % par le VHC (l’hépatite C). Outre les aspects sanitaires, l’initiative espère recréer un lien social avec ces marginaux pour la plupart, en favorisant une réinsertion auprès d’un personnel soignant. Un autre argument avancé auprès des récalcitrants pour « faire passer la pilule » (si vous me permettez ce jeu de mots), est la réduction des nuisances et des dangers liés à la circulation de drogues au sein d’espaces publics.  

 

Avec ce coup d’envoi, la France devient le 10ème pays à ouvrir une SCMR, 30 ans après la première ouverture en Suisse, cette dernière s’étant illustrée avec des résultats probants, notamment une diminution des overdoses et une sécurité urbaine améliorée. Une deuxième devrait voir le jour en France, à Strasbourg.

Pour Marisol Touraine, cette concrétisation est le signe d’une « politique responsable et pragmatique, qui accompagne au lieu de stigmatiser, qui choisit d’inclure plutôt que d’exclure des personnes exposées aux risques et éloignées de notre système de santé ». Cette conviction n’est certes pas partagée par tous. De fait, le sujet est délicat et les arguments avancés de part et d’autre se défendent. On peut en effet légitimement s’interroger sur le budget alloué à ce nouveau service et les coûts générés. D’autres craignent que cet appui aux consommateurs de drogues nous engage sur un terrain glissant, avec pour issue une possible légalisation des drogues, y comprises dures.


11/10/2016
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King Kong Théorie de Virginie Despentes. Extraits choisis et ... poétiques !

Le féminisme a mauvaise presse ; comme beaucoup de mouvance, il pâtit d'extrémistes. Virginie Despentes n'en fait pas partie, et nous montre une façon intelligente de l'envisager, sans réduire les hommes, mais en démontrant qu'inférioriser les femmes est rarement dans l'intérêt des hommes... J'aime, alors je partage, toute à ma découverte.

 

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(...) "Depuis quelque temps, en France, on n'arrête plus de se faire engueuler, rapport aux années 70. Et qu'on a fait fausse route, et qu'est-ce qu'on a foutu avec la révolution sexuelle, et qu'on se prend pour des hommes ou quoi, et qu'avec nos conneries, on se demande où est passée la bonne vieille virilité, celle de papa et du grand-père, ces hommes qui savaient mourir à la guerre et conduire un foyer avec une saine autorité. Et la loi derrière lui. On se fait engueuler parce que les hommes ont peur. Comme si on y était pour quelque chose. C'est tout de même épatant, et pour le moins moderne, un dominant qui vient chialer que le dominé n'y met pas assez du sien.... L'homme blanc s'adresse-t-il ici réellement aux femmes ou cherche-t-il à exprimer qu'il est surpris de la tournure que prennent globalement ses affaires ? Quoi qu'il en soit, c'est pas concevable ce que l'on se fait engueuler, rappeler à l'ordre et contrôler. Ici, on joue trop les victimes, ailleurs on ne baise pas comme il faut, trop comme des chiennes ou trop amoureuses attendries, quoi qu'il arrive on n'y a rien compris, trop porno ou pas assez sensuelles... Décidément, cette révolution sexuelle, c'était de la confiture aux connes. "

 

"(...) Les femmes de mon âge sont les premières pour lesquelles il est possible de mener une vie sans sexe, sans passer par la case couvent. Le mariage forcé est devenu choquant. Le devoir conjugal n'est plus une évidence. Pendant des années, j'ai été à des milliers de kilomètres du féminisme, non par manque de solidarité ou de conscience, mais parce que, pendant longtemps, être de mon sexe ne m'a effectivement empêchée de grand-chose. (...) D'accord, la France actuelle, c'est loin d'être l'Arcadie pour tous. On n'est ni heureuses, ni heureux, ici. ça n'a aucun rapport avec le respect de la tradition des genres. On pourrait toutes rester en tablier à la cuisine à faire des gosses chaque fois qu'on baise, ça ne changerait rien à la faillite du travail, du libéralisme, du christianisme ou de l'équilibre écologique."

 

"(...) Les hommes dénoncent avec virulence injustices sociales ou raciales, mais se montrent indulgents et compréhensifs quand il s'agit de domination machiste. Ils sont nombreux à vouloir expliquer que le combat féministe est annexe, un sport de riches, sans pertinence, ni urgence. Il faut être crétin, ou salement malhonnête, pour trouver une oppression insupportable et juger l'autre pleine de poésie."

 

"(...) Car la virilité traditionnelle est une entreprise aussi mutilatrice que l'assignement à la féminité. Qu'est-ce que ça exige, au juste, être un homme, un vrai ? Répression des émotions. Taire sa sensibilité. Avoir honte de sa délicatesse, de sa vulnérabilité. Quitter l'enfance brutalement, et définitivement : les hommes-enfants n'ont pas bonne presse. Être angoissé par la taille de sa bite. Savoir faire jouir les femmes sans qu'elles sachent ou veuillent indiquer la marche à suivre. Ne pas montrer sa faiblesse. Museler sa sensualité. S'habiller dans des couleurs ternes, porter toujours les mêmes chaussures pataudes, ne pas jouer avec ses cheveux, ne pas porter trop de bijoux, ni aucun maquillage. Devoir faire le premier pas, toujours. N'avoir aucune culture sexuelle pour améliorer son orgasme. Ne pas savoir demander d'aide. Devoir être courageux, même si on n'en a aucune envie. Valoriser la force quel que soit son caractère. Faire preuve d'agressivité. Avoir un accès restreint à la paternité. Réussir socialement, pour se payer les meilleures femmes. Craindre son homosexualité car un homme, un vrai, ne doit pas être pénétré. Ne pas jouer à la poupée quand on est petit, se contenter de petites voitures et d'armes en plastiques supermoches. Ne pas trop prendre soin de son corps. Être soumis à la brutalité des autres hommes, sans se plaindre. Savoir se défendre, même si on est doux. Être coupé de sa féminité, symétriquement aux femmes qui renoncent à leur virilité, non pas en fonction des besoins d'une situation ou d'un caractère, mais en fonction de ce que le corps collectif exige. Afin que, toujours, les femmes donnent les enfants pour la guerre, et que les hommes acceptent d'aller se faire tuer pour sauver les intérêts de trois ou quatre crétins à vue courte."


04/09/2015
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Un Centre de Soins Palliatifs se dote d'un Bar à vin

Peu d’entre nous aiment visiter ou fréquenter l’univers hospitalier. Au gré des services, on est souvent confronté à des scènes difficiles qui touchent au cœur de ce que l’on redoute tous, une santé qui fait défaut. Mais il est un service encore plus délicat à approcher : celui des soins palliatifs, celui où ce n’est plus la santé qui nous lâche, mais la vie.

 

Pour rendre cette réalité plus supportable, tant pour les patients que pour leurs proches, le CHU (Centre Hospitalier Universitaire) de Clermont-Ferrand a lancé une initiative originale et téméraire. En septembre prochain, son Centre de Soins Palliatifs se dotera d’un « Bar à vin ». A la tête de cette unité de soins, le Dr Virginie Guastella n’a pas ménagé sa peine pour permettre à ce projet de voir le jour. Défendant le droit de tout un chacun à « se faire plaisir et à faire plaisir », elle entend donner vie à un espace de convivialité et de partage.

 

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Grâce à la mise en place de partenariats et de mécénat, le Centre de Soins Palliatifs du CHU de Clermont-Ferrant dispose aujourd’hui d’une cave où sont entreposées, dans les conditions nécessaires à leur bonne conservation, des bouteilles de « bon vin, de champagne, de whisky… ». D’après le communiqué officiel, « L’accès aux grands crus est à l’étude ». Ce « Bar à vin » peu commun offrira aux patients « une dégustation médicalement encadrée ». Pour accompagner cette grande première à l’échelle nationale, l’équipe de soignants suivra une formation spécifique, dispensée par Catherine Le Grand-Sébille, socio-anthropologue et enseignant chercheur.

 

Si elle peut sembler divertissante, cette initiative a levé de nombreux verrous. Depuis l’aire de la démesure grecque, l’alcool est synonyme de festivités, d’ivresse salutaire, d’euphorie passagère. Mais elle est aussi un sujet délicat, qui peut parfois donner matière à excès, lesquels peuvent conduire à l’hôpital. Mais, en prônant la mesure et le plaisir raisonnable, ce projet trouve une alternative à l’interdit, l’alcool étant rarement cité en tête de liste des choix d’une vie saine. Mais un excès de raison peut parfois gâter le plaisir et, arrivé à un certain moment de sa vie, où il n’est plus question de préserver quoi que ce soit, il serait malheureux de le bouder, ce plaisir. Renouer avec une certaine volupté de la vie, lorsque la fin de celle-ci approche, est un cadeau inégalable, tant pour les patients qui ont élu domicile dans ces couloirs, que pour leurs proches, trop heureux d’assister à un court regain de vie.   

 

Cécile Cassier


10/08/2014
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Le visage moderne de l'esclavagisme

Qu’elle soit à des fins d’exploitation sexuelle ou de travail forcé, la traite des êtres humains est une réalité face à laquelle beaucoup détournent les yeux. Mythe souvent cantonné à la sphère orientale dans l’imaginaire collectif, le trafic d’êtres humains reste bien présent en Union européenne.

 

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Selon la Commission européenne, des centaines de milliers d’adultes et d’enfants sont ou ont été réduits en esclavage en Union européenne, contraints à travailler, à se prostituer, voire délestés d’organes vitaux à destination d’un marché noir lucratif. La traque de ce marché humain est compliquée à mettre en place malgré un engagement international affirmé. En 2000, les Nations unies ont ainsi adopté un protocole visant à prévenir et réprimer la traite d’êtres humains. Complétant la « convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée », ce protocole a été ratifié par vingt-quatre Etats membres de l’UE en mars 2009. A l’échelle européenne, est née la convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains, ratifiée par seize Etats membres et signée par dix autres.

 

La France : un important pays de transit

En France, cette convention est entrée en vigueur le 1er mai 2008. Le GRETA (Groupe d’experts sur la lutte contre la traite des êtres humains) est chargé de veiller à la bonne mise en œuvre de la Convention au sein des pays membres. Principalement pays de destination, la France est également devenue un important pays de transit du fait de son positionnement géographique stratégique. En se basant sur les statistiques officielles fournies par les autorités françaises, le GRETA a estimé à 822 le nombre de victimes de traite d’êtres humains en 2008 en France, dont 788 femmes, 11 hommes et 23 enfants. En 2009, le nombre de victimes est passé à 799, puis à 726 en 2010 et à 654 en 2011. Ces chiffres n’incluent que les victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle et de proxénétisme. On recensait 189 victimes de nationalité française en 2010, et 149 en 2011. Pour le GRETA, il est pour l’heure impossible d’évaluer l’ampleur de « traite à des fins de travail forcé, d’esclavage et de servitude, au sens du droit international », « ces formes d’exploitation n’étant pas couvertes expressément par le droit pénal français ». 

 

Identification des victimes et répression des commanditaires : des efforts restent à fournir

En conciliant les données fournies par les autorités et des ONG, le GRETA estime que la majorité des victimes de la traite en France sont impliquées dans des réseaux de prostitution, essentiellement en provenance d’Europe de l’Est, d’Afrique subsaharienne (plus particulièrement du Nigéria), du Brésil, du Maghreb et de la Chine. Concernant les autres types de traites, et notamment celles à des fins d’exploitation par le travail domestique, les victimes sont essentiellement originaires d’Afrique subsaharienne et des Philippines. Les travailleurs saisonniers sont plus particulièrement exposés aux risques de travail forcé, mais les statistiques sont trop lacunaires pour pouvoir évaluer l’ampleur de ce phénomène. Les milieux de la construction et de la restauration sont également présentés comme des secteurs à risques, notamment en région parisienne, ainsi que les « foyers diplomatiques ».

Les ONG spécialisées et les autorités françaises ont toutefois noté une recrudescence d’enfants victimes de la traite, contraints entre autres à la mendicité et aux vols forcés. Ces enfants viennent principalement d’Europe du Sud-Est, et sont souvent d’origine rom. De fait, en 2010, a été démantelé un important réseau de traite d’enfants roms, issus de Bosnie-Herzégovine et utilisés pour du vol à la tire en région parisienne.

 

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Des leviers législatifs et juridiques difficiles à actionner

Ainsi que le stipule la Commission européenne :

« Le droit d'être protégé contre l'esclavage, le travail forcé et la servitude a été reconnu par la Cour européenne des droits de l'homme. Le droit de la victime à une enquête précise, impartiale, effective et rapide est également concerné et serait réellement appliqué si le rôle de la victime était davantage reconnu dans le cadre de la procédure pénale ».

 

Le problème de la traite est vaste et implique bien des aspects, liés tant à la nature des actes subis qu’aux mouvements hors frontières de ces trafics : enlèvements, expatriations, conditions de vie proches de l’inhumanité, abus sexuels et de toute nature etc. En Union européenne, la directive 2004/81/CE prévoit l’assistance et la délivrance d'un titre de séjour aux ressortissants de pays tiers, victimes de la traite des êtres humains. En outre, comme le rappelle la Commission européenne, « La traite d’êtres humains figure sur la liste des infractions donnant lieu à remise sur la base d'un mandat d'arrêt européen (…) ».

 

En France, un projet de plan d’action a été élaboré entre 2008 et 2010, visant à couvrir la période 2011-2013. Il s’était fixé sept priorités : coordination de la lutte contre la traite des êtres humains, prévention de l’infraction de traite des êtres humains, identification des victimes, protection des victimes, répression des auteurs, coopération internationale, contrôle et évaluation des actions engagées.

 


18/02/2014
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