Une bouffée d'oxygène

Une bouffée d'oxygène

Un Centre de Soins Palliatifs se dote d'un Bar à vin

Peu d’entre nous aiment visiter ou fréquenter l’univers hospitalier. Au gré des services, on est souvent confronté à des scènes difficiles qui touchent au cœur de ce que l’on redoute tous, une santé qui fait défaut. Mais il est un service encore plus délicat à approcher : celui des soins palliatifs, celui où ce n’est plus la santé qui nous lâche, mais la vie.

 

Pour rendre cette réalité plus supportable, tant pour les patients que pour leurs proches, le CHU (Centre Hospitalier Universitaire) de Clermont-Ferrand a lancé une initiative originale et téméraire. En septembre prochain, son Centre de Soins Palliatifs se dotera d’un « Bar à vin ». A la tête de cette unité de soins, le Dr Virginie Guastella n’a pas ménagé sa peine pour permettre à ce projet de voir le jour. Défendant le droit de tout un chacun à « se faire plaisir et à faire plaisir », elle entend donner vie à un espace de convivialité et de partage.

 

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Grâce à la mise en place de partenariats et de mécénat, le Centre de Soins Palliatifs du CHU de Clermont-Ferrant dispose aujourd’hui d’une cave où sont entreposées, dans les conditions nécessaires à leur bonne conservation, des bouteilles de « bon vin, de champagne, de whisky… ». D’après le communiqué officiel, « L’accès aux grands crus est à l’étude ». Ce « Bar à vin » peu commun offrira aux patients « une dégustation médicalement encadrée ». Pour accompagner cette grande première à l’échelle nationale, l’équipe de soignants suivra une formation spécifique, dispensée par Catherine Le Grand-Sébille, socio-anthropologue et enseignant chercheur.

 

Si elle peut sembler divertissante, cette initiative a levé de nombreux verrous. Depuis l’aire de la démesure grecque, l’alcool est synonyme de festivités, d’ivresse salutaire, d’euphorie passagère. Mais elle est aussi un sujet délicat, qui peut parfois donner matière à excès, lesquels peuvent conduire à l’hôpital. Mais, en prônant la mesure et le plaisir raisonnable, ce projet trouve une alternative à l’interdit, l’alcool étant rarement cité en tête de liste des choix d’une vie saine. Mais un excès de raison peut parfois gâter le plaisir et, arrivé à un certain moment de sa vie, où il n’est plus question de préserver quoi que ce soit, il serait malheureux de le bouder, ce plaisir. Renouer avec une certaine volupté de la vie, lorsque la fin de celle-ci approche, est un cadeau inégalable, tant pour les patients qui ont élu domicile dans ces couloirs, que pour leurs proches, trop heureux d’assister à un court regain de vie.   

 

Cécile Cassier



10/08/2014
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