Une bouffée d'oxygène

Une bouffée d'oxygène

Plusieurs régions françaises en alerte pollution

La fraîcheur hivernale de ces dernières semaines a semble-t-il eu raison de la qualité de l’air en France. Plusieurs régions, principalement concentrées dans le sud-est du pays, font face à un épisode de pollution aux « particules fines ». Celles-ci sont principalement émises par le trafic routier, le chauffage au bois, l’industrie et l’agriculture. 

 

 
Depuis une semaine, la région Rhône-Alpes est en alerte en raison d’une vague de pollution aux particules fines PM10, à savoir d’un diamètre égal ou inférieur à 10 micromètres. Lors de tels pics de pollution, deux niveaux d’alerte peuvent être déclarés. Le niveau dit « d’information » se limite à des recommandations sanitaires et comportementales. Le second niveau, dit « d’alerte », implique quant à lui des mesures d’urgence, dont la restriction d’activités polluantes. Or, le 28 février dernier, « les seuils réglementaires d’information et d’alerte ont été largement dépassés sur la plupart des zones surveillées », estime l’observatoire de surveillance de l’air Air Rhône-Alpes.
 
Et la situation ne devrait guère s’améliorer à la faveur du chassé-croisé de vacanciers attendu ce week-end, lequel devrait accroître les émissions de particules sur les grands axes et dans les vallées alpines. 
   
Le bol d’air est également de piètre qualité en région Provence-Alpes-Côtes d’Azur puisque, pour la 4ème fois depuis 2012, le département des Bouches-du-Rhône est touché par une longue période de pollution aux particules. Selon l’organisme régional Air PACA, ce nouveau pic est le résultat de conditions météorologiques propices à l’accumulation de ces particules : températures froides, ensoleillement élevé, vent faible. Selon certains experts, le salage et le sablage des routes pourraient également avoir une incidence, en envoyant des particules supplémentaires dans l’air. 

Si ces épisodes de pollution aux particules ne sont pas nouveaux en France, ils gagnent en fréquence et en durée. Ainsi, les Bouches-du-Rhône affichent 10 jours consécutifs de pollution. Ce score devrait encore augmenter au regard des prédictions météorologiques annoncées pour la fin de semaine. Si l’agriculture, l’industrie et le chauffage au bois sont des sources d’émissions de particules, le transport routier en reste la principale cause, du moins dans l’hexagone. Héritage de 50 ans de mesures fiscales œuvrant en ce sens, le parc automobile français est à plus de 60 % diesel. Sachant que la technologie diesel est forte émettrice en particules et que le parc automobile français compte comme l’un des plus diésélisés au monde, le constat s’impose de lui-même.  

Beaucoup d’associations dénoncent ce choix français. J’estime vain pour ma part de s’appesantir sur le passé en cherchant un coupable. Il n’est d’ailleurs pas sûr que ce choix ait été fait en connaissance de cause, l’impact des particules fines sur la santé n’étant pointé du doigt que depuis peu. Mais il serait dommageable de fermer les yeux sur les enjeux sanitaires qui se posent aujourd’hui. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 2 millions de morts sont dues chaque année à l’inhalation de particules fines, présentes dans l’air extérieur comme intérieur. En France, 42 000 morts par an sont liées chaque année aux pollutions aux particules fines, d’après France Nature Environnement (FNE). Les particules PM10 notamment peuvent pénétrer dans les poumons, gagner la circulation sanguine, exposant les personnes affectées à des cardiopathies, des cancers du poumon, de l’asthme et des infections des voies respiratoires inférieures. 
 
Toutefois, le gouvernement français ne peut plus se payer le luxe de fermer les yeux. Objet d’une couverture médiatique croissante, il doit en outre répondre d’un recours devant la Cour de Justice de l’UE. La France encourt en effet de lourdes sanctions financières pour avoir dépassé à maintes reprises les normes européennes en matière de qualité de l’air. La ministre de l’énergie et de l’écologie, Delphine Batho, a récemment évoqué un « alignement progressif de la fiscalité du diesel sur celle de l’essence ». Volonté réelle ou souci de sauver la face, cette annonce n’a pas encore été concrétisée.
Cécile Cassier 


02/03/2013
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